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  Justine Jacquemart

  De la Sorbonne aux pâturages

  Rien dans ma carrière d’étudiante en lettres ne me destinait à quitter le macadam de la Ville Lumière pour le Valais où je suis devenue bergère. Après un master en lettres classiques à la Sorbonne, je me spécialise en art et littérature de la Renaissance Italienne à l’école du Louvre et deviens enseignante en arts plastiques et histoire des arts en collège et lycée. C’est en étant dans l’étude des œuvres de l’humaniste Pétrarque, qui décrivent la vie bucolique des bergers, que me traverse l’idée folle de vivre réellement l’expérience du métier de berger. Et me voilà, répondant à une annonce : on cherche des bergers en herbe pour travailler dans un alpage du Val Ferret. C’était un engagement de trois mois et je ne suis jamais repartie.

  Du Valais à l’éco-pâturage

  Mes premières années en montagne à garder les moutons furent extraordinaires ! Une vraie remise en question, un enrichissement intérieur et une nature impressionnante de beauté et de grandeur ! J’ai commencé par garder 400 moutons sur l’alpage de Bavon pendant 4 mois avec mon premier kelpie, pour ensuite partir un mois plus tard dans le Sud de la France pour garder 800 brebis et quelques 600 agneaux au pied du Larzac… De retour en Suisse, j’aide à la naissance et la mise en place d’une entreprise d’éco-pâturage. Pendant 3 ans, je parcours la Romandie avec de sympathiques Roux du Valais, pour seul but d’aider et d’apporter de la biodiversité dans des prairies souvent à l’abandon…

  De l’école à la formation de chiens de troupeau

  Après l’expérience nomade de l’éco-pâturage, je décide de me stabiliser et de reprendre l’enseignement scolaire mais tout en m’occupant de mes premiers moutons. Je continue en parallèle à développer la génétique de mes kelpies. Je trouve mes meilleurs chiens en Suède, en Norvège et surtout en Australie. Je découvre de nouvelles techniques de formation plus respectueuses du chien et des moutons auprès de formateurs australiens et norvégiens. Mon amour de l’enseignement conjuguée à la passion des chiens de troupeaux m’encourage à faire le pas d’aider un petit groupe d’amis à former leurs chiens au troupeau. Et de fil en aiguille et de bouche à oreille, le petit groupe est devenu un grand groupe d’amis ! La confiance, le soutien et la reconnaissance de la qualité de mon travail m’ont ouvert la possibilité de vivre d’un rêve, celui de partager avec vous et vos chiens le plaisir et la passion de conduire des troupeaux…

Jadis le moi se cachait dans le troupeau ; à présent, le troupeau se cache encore au fond du moi.

De Friedrich Nietzsche